Hier matin, je n’ai pas lu. Je lis souvent le matin, au réveil, sur la terrasse du café des alytes. La lumière du matin donne un grain cinématographoque à la cour de la Commun.e. La grue de Bati-Nantes qui surplombe le décor devient même à ces heures là un élément esthétique hyper fort.
Hier matin je n’ai pas lu. Ces moments de lecture du matin sont un peu comme une petite prolongation de l’état de veille, à mis chemin entre le sommeil et l’éveil, entre mes rêves de la nuit et la réalité de la journée que je vais vivre.Hier matin, je n’ai pas lu. Hier matin, comme chaque matin, avant de dé- valler l’escalier metallique en colimaçon, je me suis arrêté sur le palier et j’ai regardé le quartier, le chantier, les grues, le Lidl, les jardins, la cime du cypré, le bestiaire carnavalesque qui a envahit les toits de la Commun.e, la cour et je me délectais par avance du bonus onirique qu’allait m’offrir la lecture. J’allais poursuivre Le cri de peuple, de Vautrin.Hier matin, je n’ai pas lu.
Hier matin, en m’élançant dans la journée, du haut de l’escalier métallique en colimaçon, j’ai entendu le bruit des bottes. Le bruit des bottes sur les pavés de la cour. Sur les pavés colorés de la Commun.e.Hier matin, je n’ai pas lu. Hier matin, j’ai entendu le bruit des bottes. Plus de rêve éveillé, plus de soleil, plus de grain cinématographique, plus de poésie, plus rien. Rien que le bruit des bottes. Rien que le bruit des bottes qui m’a poursuivi toute la journée. Rien que le bruit des bottes. Aujourd’hui j’ai lu. J’ai lu le Cri du peuple. Pas celui de Vautrin. J’ai lu le sms de Colline. Et d’autres sms. J’ai lu Caro dans Ouest-France. Oui, j’ai lu Caro dans Ouest France! Enfin j’ai lu. J’ai lu le communiqué rédigé par 3 Communard.es aujourd’hui. Et enfin, à nouveau j’ai entendu. J’ai entendu le bruit de nos rires, de nos joies, et le bruit de nos silences. Là où souvent se cache l’intelligence. Et puis j’ai vu nos rêves à l’abri dans une caravane bleue, se hisser sur la façades de la Commun.e, j’ai vu une cuisine roulante remonter à bras de Communard.es la rue Alsace Lorraine et venir nourrir la tribut. Une incroyable tribut du bébé à la mémé, une palette de toutes les couleurs de la vie, tous voisin.es d’un territoire infini. Une tribut de pauvres riches s’offrant le luxe communal en république universelle.Ce soir, le bruit des bottes a disparu.
Ce soir, j’ai recommencé à rêver. Demain matin, je vais lire.
Vive la Commun.e!
ON s’aime la zone